PIOTR KOWALSKI

Né à Varsovie en Pologne en1927, mort à Paris le 6 janvier 2004

Il vivait à Paris et travaillait dans son atelier de Montrouge en région parisienne

http://www.piotrkowalski.com/

http://fr.wikipedia.org/wiki/Piotr_Kowalski

 

 

Piotr Kowalski étudie les mathématiques et l'architecture au Massachusetts Institute of Technology (M.I.T.) à Cambridge (USA) de 1947 à 1952. Au cours des années cinquante, il mène, tantôt auprès d'architectes (dont I.M.Pei, Marcel Breuer et Jean Prouvé), tantôt à son compte, une activité de recherche qui aboutit à plusieurs réalisations, notamment un prototype de transformateur électrique en polyester translucide, des boutiques, une école. Au tournant des années cinquante-soixante, il s'installe en France et se tourne vers la sculpture. Sa première grande exposition a lieu à Berne en 1963. Elles se multplieront par la suite: en France et aux Etats-Unis, mais aussi en Allemagne, en Hollande, dans les pays scandinaves et au Japon. Pour la France il faut citer au moins la grande exposition de l'ARC en 1969 et l'exposition, centrée sur le projet de la "Time Machine", à Beaubourg en 1981, à Bonn, au Japon, à Stockholm, Vienne et à Varsovie en 2000...

Il a reçu le Grand Prix National de sculpture en 1981 et a été nommé professeur à l'Ecole Nationale supérieure des Beaux-Arts à Paris en 1987 où il a ouvert un atelier pluridisciplinaire.

Il réalise le CD sur "MIT <->Lyon Information Transcript" en 1998 lors de la Biennale de Lyon

Aux expositions s'ajoutent les réalisations dans l'espace public, dont la Place des Degrés, à la Défense, achevée en 1990, la Porte de Paris à Saint-Quentin en Yvelines en 1991, l'Axe de la Terre à Marne-la-Vallée en 1992 , L'escalier monumental à la Défense en 1993; des réalisations au Japon, dont les Tournesols électroniques et les Turbines à couleurs de Kyoto, installés en 2000 - 2001

Il a travaillé à la réalisation d'oeuvres sur verre (hologrammes ou verres courbes): Totem holographique, Lycée Jules Verne, Cergy-Pontoise, 1994; Le cube de la population, achevé pour l'expo de Bonn en 1994.

Mais le lien fondamental qui attache la démarche de Kowalski à la pensée utopique l'a amené à collaborer à de nombreux concours, dont nous restent des projets, dessins, maquettes, et cette part non aboutie de l'oeuvre n'est pas la moins importante.

 

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Bibliographie en bref

"Piotr Kowalski", monographie de Jean-Christophe Bailly, éd Monotypes, Hazan, Paris, 1988

"L'Art et la Ville, urbanisme et art contemporain", éd Skira, Genève 1990

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"Ceci se déplace à 29 kms/sec"

Les voyageurs de la gare de Kyoto peuvent comparer leur propre hâte avec la vitesse du cosmos que pointe cette phrase de Piotr Kowalski et qui s’affiche en ces lieux, inscrite en japonais sur la photographie géante d’un ciel bleu parisien. La curiosité suscitée par cette incursion poétique au-dessus de la foule renvoie très exactement à la démarche de l’artiste: rendre perceptible des lois physiques de manière poétique avec des outils contemporains. L’inventaire de ses sculptures amorce ainsi le début d’un grand poème: “ Machines pseudo -didactiques ”, “ Champ d’interaction ”, “ Le Chant de la carpe ”, “ Wozu ? ”, “ Ici ”, “ Là-bas ”, “ Ici…aussi ”, “ Le pendule de Foucault ”, “ Time Machine ”, “ Information Transcript 3 ”, “ Lumières ”, “ Totems holographiques ”, “ Turbines à Couleurs ”, “ Le point de convergence ”, “ la Vague ”, “ Le cube de la population ”… etc.

Tombé dans la géométrie de Lobachewski à 13 ans, c’est en son hommage que Piotr construira le “ Cône ”, la forme de l’herbe qui pousse sur un plateau tournant. Les formes simples, la perspective sont des sujets d’étude et comme un arrêt sur image temporaire, l’œuvre d’art naît d’une hypothèse, d’une abstraction. Piotr rêvait de faire “ un Luna-Park scientifique qui serait à la fois un amusement, une œuvre d’art et un lieu de jeux pour les enfants. ” et citait Le Gai savoir “ C’est nous que doivent traduire et la pierre et la plante pour que nous puissions nous promener en nous-mêmes quand nous irons dans ces galeries et dans ces jardins. ” Depuis l’origine de son travail lorsqu’il inventa une “ machine à produire des systèmes ” (1960) Piotr substitue à la construction des objets, la formulation des règles de leur connaissance. Dans l’œuvre, la référence des lois physiques précises combinée au mode de comportement de cette loi sollicite la participation du spectateur qui se sert de cette proposition plastique comme d’un outil. Des plus petites pièces - comme par exemple le livre-objet “ Sisyphe Géomètre ” réalisé avec (la voix de) Ghérasim Luca , “ La flèche de sable” ou encore la “ Time Machine ” - à la plus imposante construction en espace public - les sculptures à l’explosif de Long Beach, le Thermocouple de Linz ou l’Axe de la terre de Marne-la-Vallée entre autres - il se sert de la technologie avec la jubilation d’un détournement , dont la fonction didactique produit une forme de liberté en dévoilant les mécanismes . “ Il ne s’agit pas de matière, il s’agit d’espace. Il ne s’agit pas de ce qu’on voit, mais de comment on perçoit l’espace, de comment on s’y comporte, comment on s’y meut. ”

Architecte, mécanicien, ingénieur, plasticien, photographe, vidéaste, sculpteur… C’était tout ça, Kowalski le plasticien-sculpteur et l’homme aussi, curieux, en recherche permanente quel que soit l’endroit, dans son “ garage ” ou au bord de l’océan. Son rire éclatant persiste en écho dans nos repas amicaux. C’est lui qui à travers les aventures de tous ces événements poétiques nous aura jeté balises et bouées pour continuer à ramer sur la surface désespérément plane d’une époque réfractaire. Que de moments précieux dans son atelier de Montrouge, où l’on croisait les vieux amis comme les jeunes artistes qui poursuivent encore aujourd’hui un travail induit dans l’esprit des ateliers de la Renaissance. Il avait associé cette équipe fidèle à de nombreuses réalisations, qui, parce qu’il “ faut être absolument moderne ”, selon la réponse de Rimbaud, nécessitaient d’utiliser des outils et des matériaux contemporains souvent complexes. Acier ou surfaces élastiques en tension, dynamite, verre, gaz, néon et fibres optiques, holographie, vidéo… “ On ne peut pas écrire Le bateau ivre si on se désintéresse de son époque ”

Piotr aimait le théâtre parce qu’il avait commencé tout jeune en Pologne par y dormir sous la scène, il aimait le cinéma de Tarkovski et c’est par notre premier film que nous nous étions connus. Il projetait un autre monde “ quand internet existera vraiment. Pour moi c’est le futur du cinéma, on est entre les deux, là où les passeurs ont disparu, et c’est la même chose qu’en art au début du 20è siècle, avant l’existence des galeries. Maintenant il n’y en a que pour l’art commercial. ” Avec lui et en toute liberté nous avons fait quelques films autour de son œuvre et commencé celui qui parlerait plus de l’homme à travers ses projets non-réalisés. Nombreux, ils constituent un travail d’une importance fondamentale, accumulant dessins, écrits, calculs, prototypes et maquettes : l’agora du savoir des Halles de Paris, la grammaire d’espace du Jardin Paul Valéry ou le Parc d’Eole de Brest… etc, autant d’évocations que l’on aurait aimé voir réalisées. “ L’activité artistique n’est pas purement esthétique, l’artiste est citoyen du monde, il a une fonction politique, il intervient dans ce qui se passe… ” : Piotr estimait que Schwitters, Picabia et Duchamp avaient été les seuls artistes à s’être révolté contre l’art bourgeois et pensait qu’il faudrait aujourd’hui un dadaïsme scientifique comme résistance.

Très souvent nous parlions “ ordinateur ” pour trouver de nouveaux “ moyens ” et très récemment encore nous étions en train de préparer la sortie en DVD de toutes nos vidéos. Avec la Time Machine surtout, Piotr avait réalisé des vidéos “ forward/reversed ” retraitant prises de vues ou extraits de films comme “ Steamboat Bill Jr ” ou “ Family plot ”, où le traitement programmé de façon non linéaire par la Time Machine provoque une dimension poétique d’une intensité dramatique accrue.

Je dois évoquer aussi son engagement dans le projet du Métafort d’Aubervilliers, projet d’une fabrique où se croiseraient la création artistique, l’invention technique et l’innovation sociale. Il a cru à l’idée d’un lieu d’imagination construit dans une vaste collaboration interdisciplinaire des artistes, des ingénieurs, des philosophes et des publics pour contribuer à la production d’une nouvelle éthique et d’une nouvelle esthétique de la technique ; comme un nouveau Bauhaus, créateur d’un nouveau langage. Il espérait que d’une aventure, où l’on inventerait le futur dans de vieux bâtiments industriels, naîtrait une université d’un type nouveau, où l’on inverserait le chemin d’acquisition du savoir, où la connaissance émergerait d’une création ludique. Etait-ce vraiment utopique ? Les intérêts politiques et financiers ne laissèrent pas le temps à l’entreprise de se pérenniser.

Je devrais relater, puisqu’il nous en parlait quelques fois, son départ de Pologne après la guerre, où il participa, adolescent, aux aventures de la résistance avec son frère qui n’en revint pas, où il fut sauvé par un incorporé de force alsacien qui le fit sauter d’un camion , où il prit part aux trafics d’une économie de survie, ce dont il était plutôt fier, où il fut mécanicien dans des usines, émigra en Suède, en France puis au Brésil, vécut en autodidacte curieux et débrouillard, qui pour aller à l’université fit de faux papiers. Il étudie les mathématiques et l’architecture au Massachusetts Institut of Technology (M.I.T.) aux USA, travaille avec Pei, Breuer et Prouvé, puis ouvre son cabinet d’architecture en France au milieu des années cinquante, vit entre la France et l’Italie, crée un prototype de transformateur électrique en polyester translucide -aujourd’hui détruit au profit d’un échangeur autoroutier...-,se détourne définitivement de l’architecture pour faire de la sculpture et des réalisations dans l’espace public et oublie volontairement sa langue maternelle .

Il n’y a pas si longtemps Ralf Rumney avec qui nous évoquions leurs rencontres vénitiennes, lui disait : “ Il paraît que nos œuvres se vendront mieux quand nous serons morts . Let’s try it ! ” Et ils partirent tous les deux d’un grand rire !

Piotr Kowalski avait réalisé une Projection de l’Arc-en-ciel pour le Japon. Le 16 janvier 2004 la pluie cessa au moment de sa mise en terre et un formidable arc-en-ciel s’afficha dans l’horizon parisien ; il réussit à faire lever toutes les têtes du cortège comme dans le prolongement d’un ultime geste artistique. Lui qui m’avait presque consolée en me rappelant quelques jours auparavant que la mort “ c’est la vie ! ”, n’avait-il pas dit aussi que : “… la vie est un hasard et l’art permet de le vivre d’une façon consciente. ”. Piotr n’a jamais cessé de travailler.

Gisèle Rapp-Meichler, février 2004

 

 

Piotr Kowalski et Luc Meichler, Cap Ferret 2001

 

 

 

 

IN SITU KOWALSKI 1992

 

DEUX TEMPS, TROIS MOUVEMENTS 1982

 

La flèche de sable

 

Le Cône

 

Le Miroir

 

Passionnément

 

La Machine Pseudo Didactique

 

La Place des Degrés, La Défense, Paris,1990

 

 

Liens vers les sites

http://www.zannettacci.com/artistes/Kowalski/Kowalski_Intro_FR.html

http://stephan.barron.free.fr/1/blachere_elise/KOWALSKI.htm

http://csw.art.pl/new/2000/kowalski_e.html

http://montbouge.info/spip.php?article514

http://www.francetvinfo.fr/culture/expos/le-neon-s-expose-a-paris_65077.html

https://www.youtube.com/channel/UCrL-Ty_rTX9YHpf1y8Kzgkg

https://www.youtube.com/user/GIRAME8

 

Faire le tri sur:

http://www.google.fr/search?q=piotr+kowalski&hl=fr&site=webhp&prmd=imvnso&tbm=isch&tbo=u&source=univ&sa=X&ei=2dc8T9HfMJOR8gOW3eWTCA&sqi=2&ved=0CD4QsAQ&biw=1675&bih=918

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